UP78

Privilèges et oppressions - Peut-on organiser une société sans mérite ? Avec Irène PEREIRA, sociologue

Trente cinq participant.es ce samedi 13 janvier 2018 à La Nouvelle Réserve, entourent Irène Pereira, intervenante régulière et très appréciée auprès d’Attac78.
Les questions préliminaires et attentes des « élèves » sont variées : curiosité, injustice sociale, « méritocratie », oppressions, définitions du mérite et de la compétence, rapport à la société « capitaliste », à la biodiversité, critères de « sélection » et d’attribution du mérite.
L’exposé interactif s’articule sur des éléments philosophiques, historiques, et sociologiques

1- Eléments philosophiques

  • Il y a une absence de consensus des philosophes sur le mérite :
  • Le mérite est-il un « bien » acquis à la naissance ? (pour J.J.Rousseau : l’inégalité est dans la nature et entre les hommes, l’inégalité sociale n’est pas naturelle )
  • Le mérite est-il juste ou injuste ? Vient -il de l’effort ou du travail ?
  • Le mérite dépend-il du lien avec les conditions sociales et l’environnement familial (= naissance avec une « disposition à l’effort » ?)

2- Eléments historiques

  • Pour l’ancien régime, aristocratique, le gouvernement est celui « des meilleurs » qui en ont hérité à la naissance.
  • Pour la Révolution, qui abolit les « privilèges » ( littéralement « loi privée » signifiant une « loi » ou règle pour chaque groupe social, tels : habillement, fiscalité, justice, … ), le mérite est opposé à l‘Egalité, postulat de la Déclaration des Droits de l’Homme.
  • Karl Marx remet en cause l’idée d’une société libérale basée sur le mérite individuel. Il montre la place du capital économique de naissance dans la reproduction des inégalités sociales.
  • Pour nos sociétés libérales, la « méritocratie » est à la base de leur fonctionnement politique et économique.

3- Eléments sociologiques
Selon le statut social des parents, leur « capital » culturel et économique (la France en dernière position pour l’inégalité sociale pour l’OCDE… ), le niveau d’étude des enfants n’est pas le même, les trajectoires d’apprentissages sont longues ou courtes.
De même, on note l’importance du genre H/F, de l’origine ethno-raciale (quotas) ou géographique (ex. : Sud-Est asiatique, USA, Canada, France), des cultures basées sur la réussite scolaire, des études basées sur les diplômes.
Dans le sport, la compétition exacerbe les « valeurs » du sport (« que le meilleur gagne »). Quelle est alors la part de l’ « aptitude » dans le mérite ?
Et l’admiration pour le mérite, très subjective, est un phénomène valorisant.

Quelles alternatives ?

  • Le projet de société « socialiste » opposée au mérite, reposerait sur la base d’« à chacun selon ses besoins … »,
  • La reconnaissance du scientifique / du « génie » (dans l’art ? / pour Nietzsche il s’agit de « ce qui nous dépasse » ),
  • L’ admiration du différentiel entre résultat et effort fourni
  • Le mérite « de vivre » ? La dignité est non monnayable, constituant un droit.
  • Les cas du modèle admiré / altruisme, l’ idée d’excellence, l’ idéal du « moi ».

En conclusion enfin :

  • La notion de « commun » est évoquée.
    Le mérite, est-il une « valeur » en dehors du capitalisme ? Une société sans mérite peut-elle exister ?... sont des questions qui restent à réfléchir.

Gérard, Nelly, Marie-Pierre