Inacceptable

Expulsion des familles Roms de Triel le 14 juin 2018 Droit des enfants ?

, par Jean-Pierre MARTIN

Se débarrasser d’un problème social en dégageant des familles pauvres vivant dans le secteur depuis plus de 10 ans, est-il acceptable dans un département qui ne manque ni de terrains ni de lieux à réhabiliter ?

Est-il supportable d’envoyer un enfant de 4 ans dormir à la rue ? ou un enfant de 8 ou 10 ans ? ou une personne âgée ? ou une femme ? Ou n’importe quel être humain ?

INFORMATION IMPORTANTE DE ROMYVELINES
Collectif de soutien aux familles roms de la plaine de Triel-Chanteloup,
membre du Collectif National Droits de l’Homme Romeurope

Communiqué du 16 juin

" Cédant à la pression de pétitionnaires et des élus locaux, la préfecture a organisé l’expulsion par les forces de police, jeudi 14 juin, des familles roumaines pauvres qui vivaient depuis septembre 2017, sur un terrain inutilisé appartenant au conseil départemental près du rond point de la RD1 à Triel sur Seine.

Notre collectif Romyvelines était présent et souhaite rétablir la réalité face à une sorte de désinformation.
Les familles ont emporté les quelques affaires qu’elles ont pu dans des sacs et valises comme tous les réfugiés du monde. Toutes les caravanes restant sur le terrain ont été détruites.
Le sous-préfet avait incité les familles qui le pouvaient à partir avant l’expulsion, mais certains ayant suivi ce conseil ont été ré-expulsés, dans la journée de jeudi, des lieux où ils s’étaient réfugiés et leurs caravanes également détruites.

Certes, toutes les familles qui l’ont demandé sont hébergées à ce jour, ce qui répond à l’une de nos demandes maintes fois répétées, alors que la préfecture nous annonçait que seules certaines le seraient. Mais ces hébergements sont suffisamment loin pour que la scolarité de la plupart des enfants soit interrompue et la possibilité des adultes de se rendre à leur travail compliquée.

Et surtout, pour la majorité de ces personnes, l’hébergement n’est accordé que pour une semaine.
Vont-elles être mises à la rue jeudi prochain, alors que leur lieu de vie et une grande partie de leurs maigres biens ont été détruits ?

Nous nous adressons aux pouvoirs publics, Préfet et sous-Préfet, Maire de Triel, responsables de l’hébergement et de la cohésion sociale, Députée, Elus de la GPS&O et du département pour que des solutions d’hébergement pérenne et d’accès au logement soient proposées à l’ensemble de ces personnes.

De telles solutions sont indispensables afin que les droits des enfants (scolarité, santé, vie familiale dans des conditions dignes) soient respectés, que les parcours d’insertion commencés par de nombreux adultes puissent se poursuivre, que la dignité de toutes et tous, particulièrement des plus fragiles (malades, handicapés, personnes vieillissantes) soit respectée.

Plus personne à la rue !"

Le 14 juin 2018 :
Expulsion inacceptable des familles Roms de Triel

Un arrêté municipal d’expulsion contre les personnes Roms roumaines vivant sur le terrain proche du rond point de la RD 1 à l’entrée de Triel a été demandé par le maire. Accordé par le préfet, il sera effectué jeudi 14 juin 2018 avec le concours de la force publique pour expulser ces familles qui comptent de nombreux enfants.

Un an à peine après la réinstallation dans la précipitation le 30 août 2017 sur ce nouveau terrain, et faute d’accompagnement social suffisant et réfléchi, ce lieu s’est vite transformé en bidonville difficilement vivable tant pour les familles que pour le voisinage.

Nous considérons les réponses du sous-préfet à nos questions lors d’une rencontre le 7 juin, sur les relogements et hébergements prévus, totalement insatisfaisantes. Quelques familles, dont les demandes de logement sont accompagnées depuis 2016 ou 2017 vont être hébergées jusqu’à leur logement effectif.

MAIS toutes les autres n’auront que le minimum : quelques jours ou semaines d’hébergement pour les familles considérées comme "vulnérables"( ayant un enfant de moins de 3 ans, une femme enceinte ou une personne handicapée).

Rien pour les autres. 18 familles n’auront rien ! Soit des dizaines de personnes, hommes, femmes, enfants, que l’Etat va sciemment envoyer à la rue (peut-être la moitié des environs 130 personnes vivant actuellement sur ce terrain), sans aucune solution digne contrairement aux déclarations d’intention des édiles en place.

Se débarrasser d’un problème social en dégageant des familles pauvres vivant dans le secteur depuis plus de 10 ans, est-il acceptable dans un département qui ne manque ni de terrains ni de lieux à réhabiliter ?

Est-il supportable d’envoyer un enfant de 4 ans dormir à la rue ? ou un enfant de 8 ou 10 ans ? ou une personne âgée ? ou une femme ? Ou n’importe quel être humain ?

Le sous-préfet nous dit souhaiter que les familles partent d’elles-même avant l’expulsion.
Pour aller où ?

Dans le même temps les municipalités prennent des mesures pour qu’aucun espace libre ne soit accessible alors que le président de la République a déclaré à maintes reprises que plus personne ne devait dormir à la rue...