Compétitivité + Croissance = Précarité

Quel moyen d’action à la fois ludique, attrayant et moblilisateur que cette prière-procession, proposée par des militants sur Limoges dernièremement, à la gloire de ces idéologies que l’on pourrait croire irréfutables.

Tout faire pour prouver le contraire ; tout essayer pour mobiliser ; tout mettre en oeuvre pour retrouver cet esprit de combattivité et cette solidatité que nous avons perdu.
Le groupe national VAMOS (vers un autre monde de solidarités) nous avait fait ces prières en statique devant le tribunal d’instance de Versailles le 17 novembre, jour du proçès des 9 paysans de guyancourt. Je l’avais vu aussi devant les portes d’entrée du salon de l’agriculture une de ces dernières années. Imaginez un grand prêtre en habit couleur pourpre semis religieux/semis cagoule, devant un parterre d’un groupe de personnes assis en arc de cercle, sermonant ces prières suivantes :

Pas un seul petit sou me reste
J’ai déjà tout consommé
Le crédit c’est pour moi funeste
Je ne peux plus rembourser

(refrain) Oh, pays de détresse
Où nous devons sans cesse
Consommer
Consommer

Pas un seul petit sou ne tombe
Sur mon compte vidé à sec
Les poches vides je regarde en vain
Vos vitrines remplies de tout

(refrain)

Les riches ils consomment sans peine
Les profits vont dans leurs poches
Nous les pauvres somm’ dans la misère
Et votre monde nous convient pas

(refrain)

Mais un jour les précaires ensemble
Changeront ce monde là
Plus de peine et plus de misère
Toute la terre sera à nous

Oh, monde d’allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Penser
Aimer

A chaque arrêt, prière, à genoux sur le trottoir,
sous les yeux amusés des passants qui ont très bien accueilli le tract
« Le précaire et le nénuphar ».
Monoprix, les Nouvelles Galeries et Intersport ont même eu droit
à la prière à l’intérieur de leur magasin. Acheteurs et vendeurs d’abord
ébahis puis amusés, l’accueil a été en général très positif
(même le vigile d’Intersport était plié en deux !).
Seul le directeur de Monoprix n’a pas apprécié :
 « Vous n’avez pas le droit de rentrer dans mon magasin »
 « Ah, c’est un magasin où on n’a pas le droit d’entrer ? »
 « Non pas comme ça, et il ne faut pas chanter ! »
 « Ah, on ne peut pas chanter dans un magasin ? »
 « Non, pas en groupe ! »

Des stations ont été ajoutées au parcours.
Ainsi le MEDEF a eu droit à sa halte particulière avec deux prières :

Je vous salue, Patrons, pleins de graisse
Vous êtes bénis entre tous les maîtres
Et le Capital, fruit de vos entrailles, est béni
Que votre règne dure mille ans
Que vos intérêts soient nôtres
Au travail comme à la maison
Pardonnez nous nos désirs de liberté et de paresse
Comme nous vous pardonnons de nous exploiter comme des chiens
Car c’est pour notre bien
Au nom du pèze, du fric et du saint-bénéfice...
Délivrez nous de nos rêves !
Amen

Gloire à toi, précarité
Toi qui sait rendre nos lendemains incertains
Toi qui place chaque nouveau jour
Sous la menace de la misère, de l’expulsion et du découvert
Toi qui as su nous faire comprendre
Que tout travail est bon à prendre
Gloire à toi, qui nous offre
Des boulots de merde payés de miettes
Des contrats nouvelle embauche et des chasseurs de tête
De CDD en contrat d’avenir, d’intérim en stage bidon
Tu nous mènes vers la soumission
Sans toi, ni croissance, ni profit
Alors vive le plein emploi précaire
Avec toi c’est pour la vie
Alléluia !

Un magasin de téléphonie mobile a eu aussi droit à un arrêt des fidèles :

Ô Téléphone portable
Toi qui connecting people
Toi qui me permet d’être mobile et traçable à tout instant
Et de joindre mes amis à tout moment
Garde nous des pannes de batterie
Ô range, Ô SFR, Ô Bouygues
Vous qui savez si bien accorder vos tarifs
Pour la sainte concurrence, libre et non faussée,
Permettez à mon patron de me téléphoner et ça, j’aime
Pour mieux me protéger des grasses matinées,
des soirées arrosées et de l’ oisiveté
Ô antennes relais GSM
Toi qui promets nos chérubins à des années d’IRM
Tu leur permets aussi de nous appeler en cas de problème
Et pour cela, nous te rendons grâce
Comme nous te remercions de nous donner l’espoir
De pouvoir un jour dire :
Allô ? Dieu ? C’est moi. T’es où ?
Alléluia !

Nous pourrions envisager une manifestation de ce style un jour ou l’autre s’arrêtant par endroits comme par exemple :
Quick, Monoprix, Nouvelles Galeries, Intersport,
distributeur bancaire et FNAC, en chantant.