Lutte anti-OGM Compte-rendu de la réunion débat sur la continuité de la lutte anti -OGM après le grenelle ; organisé par le collectif anti-ogm d’Ile de France

Compte-rendu de la réunion débat sur la continuité de la lutte anti -OGM après le grenelle ; organisé par le collectif anti-OGM d’Ile de France
le 1er décembre 2007- de 15 à 19h - Animée par Sophie Chapelle

Lieu : salle du II ème arrondissement de Paris, prêtée par la mairie écologiste de Jacques Boutault qui a introduit le débat.

Invités :
Arnaud Apoteker (Greenpeace),
Geneviève Azam (Attac),
José Bové (Faucheur volontaire),
Jacques Pasquier (Confédération paysanne),
Christian Velot (Enseignant-chercheur, Lanceur d’alerte).

Ordre du jour :

1ère partie : les conclusions des participants au Grenelle de l’environnement.

2ème partie : point sur la répression des militants.

3ème partie :débat sur les sujets liés aux OGM (souveraineté alimentaire, biocarburants, agriculture paysanne, brevetage du vivant).

1) L’ambiance au grenelle

Arnaud Apoteker et Jacques Pasquier ont participé aux groupes de travail sur la problématique des OGM au Grenelle de l’environnement).
Leur objectif est d’obtenir une loi sur le droit et la liberté de produire et de consommer sans OGM. Chacun d’entre eux s’accorde à dire que leur propos a été écouté mais trop peu retranscrit dans les synthèses.
Ils restent donc très vigilants sur les dispositions que prendra le gouvernement. Au cours du Grenelle José Bové nous précise que Jean Louis Borloo a reconnu « qu’avec les OGM on ne peut pas contrôler la dissémination » et a annoncé qu’il allait demander la clause de sauvegarde, qui est l’outil juridique du moratoire.
Cependant à 2 jours de la fin du Grenelle les associations de l’alliance pour la planète ont menacé de boycotter ce Grenelle pour arriver à obtenir que cette demande de clause de sauvegarde soit inscrite dans le compte rendu définitif.

José Bové annonce que si d’ici le 15 décembre 2007, le gouvernement français ne prend pas la décision de suspendre la commercialisation du maïs OGM MON 810, les faucheurs volontaires débuteront une grève de la faim illimitée ainsi que d’autres actions.
L’enjeu est très important. Aujourd’hui le seul maïs OGM autorisé à la commercialisation dans l’Union Européenne est le maïs MON 810. Certains pays européens ont déjà obtenu un moratoire : l’Autriche, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie. Alors pourquoi pas la France ? Un des articles de la directive européenne 2001/18 dans le cadre de la lutte contre la dissémination des OGM permet à un pays membre de prendre des mesures pour protéger son système agricole en valorisant ainsi les produits du terroir et préservant les parcs naturels.

2) Répression des militants qui s’opposent aux OGM dans les champs et dans les assiettes.

Rappel : l’action de désobéissance civique est utilisée en dernier recours lorsque en amont toutes les propositions de débat ont échoué.

Le report des procès des faucheurs volontaires à l’occasion du Grenelle de l’environnement montre bien l’intrication politique. Les sanctions des militants déjà jugés ne sont pas suspendues :
 ?• incarcération possible de José Bové faucheur volontaire ;
 ?• saisie de l’appartement de Gilles Lemaire faucheur volontaire ;
 ?• nombreux procès de faucheurs actuellement c’est à dire avec appel en cour de cassation ou autre.

3) Les débats

Geneviève Azam nous fait part des enjeux de société autour des OGM.

C’est tout d’abord la volonté des firmes internationales de contrôler toute la chaîne alimentaire ce qui entraîne la dépendance de pays à ces firmes. Le système de brevet sur les OGM contraint les paysans à acheter des semences tous les ans pour assurer leur récolte. Le coût de ces semences reste à la totale appréciation des firmes semencières dont la priorité est d’engranger un maximum de profit Cette stratégie agressive du lobby agroalimentaire soutenue par une politique ultra-libérale a pour conséquences :
 ?• la disparition des petites fermes
 ?• la perte d’une agriculture diversifiée
 ?• une menace supplémentaire à la souveraineté alimentaire car les semenciers imposent leur types de production surtout les plus juteuses
 ?• le développement des inégalités sociales.
Et les OGM c’est aussi la question de la brevetabilité du vivant.
Pour l’industrie bio-technologique la vie est considérée comme ressource biologique donc la vie devient un objet qui est brevetable. La vie n’est plus un héritage collectif c’est une marchandise qui appartient aux laboratoires privés.

Tout cela pour augmenter les valorisations boursières, bénéfices et dividendes des multinationales.

Christian Vélot maître de conférences à l’université Paris sud et chercheur à l’institut génétique et micro-biologique à Orsay rebondit également sur le fait que les laboratoires privés des firmes bio-technologiques et autres concentrent leurs fonds financiers, sur la recherche génétique, dans le but de grossir rapidement les dividendes des actionnaires.
Pire, en prenant le cas des Plantes modifiées génétiquement, un semencier qui dépose un brevet sur la modification génétique d’une plante s’approprie en même temps la plante. Christian souligne que ce système de brevet freine la recherche car les travaux scientifiques ne peuvent être utilisés. Il faut refaire les expériences sur de nouvelles plantes.
Il rappelle également qu’à l’occasion du Téléthon en tant que chercheur il est agacé par la sollicitation d’appel aux dons car ces labos privés ne manquent pas d’argent mais paradoxalement leurs travaux de recherche stagnent et l’état supprime les crédits pour la recherche fondamentale qui relève du service public.
Par ailleurs vous savez que Christian Velot anime des conférences sur son temps personnel pour éclairer le grand public sur les OGM. Il est également intervenu comme témoin scientifique dans les nombreux procès des faucheurs volontaires. Aujourd’hui ses prises de positions lui causent des problèmes professionnels avec confiscation de crédit et décision de non renouvellement de son contrat. Nous vous incitons si ce n’est déjà fait à aller sur le site sciences citoyennes pour signer la pétition de soutien et d’envoyer le modèle de lettre Lanceur d’alerte au ministère de l’écologie. Au Grenelle, un statut protégeant les professionnels qui dénoncent les risquent environnementaux et s’exposent ainsi aux pressions des lobbies a été réclamé à Mr Borloo.

Pour la confédération paysanne, la volonté du gouvernement est de stimuler la croissance et non pas de remettre en cause notre système de consommation. Sous l’influence des lobbies industriels il encourage plus à une agriculture productiviste au dépend d’une agriculture bio diversifiée.
Dans la même gamme libérale, Geneviève Azam nous informe que la loi Lagarde autorisant la totale liberté de négociation des centrales d’achats va passer à l’assemblée en février 2008, à laquelle il faut ajouter pour la même date le projet de loi sur les OGM. Et enfin un autre combat reste à mener sur des biocarburants qui est le prétexte à relancer l’importation et la culture d’OGM ; la France n’ayant pas une surface agricole suffisante pour nourrir les animaux et nos bagnoles.

Des critiques constructives ont été portées sous formes de questions aux intervenants mais aussi des soutiens à leurs engagements personnels :
• l’expérience vécue d’une personne chercheuse qui a subi également des entraves professionnelles jusqu’à l’abandon ;
• l’indignation d’un autre sur l’œuvre destructrice de Monsanto au Vietnam avec le gaz ?

En conclusion Thierry Hérault du collectif anti-OGMIle de France et organisateur de cette journée nous a rappelé les prochaines actions :

• procès des faucheurs à Orléans le 17et 18 décembre 2007

• procès des faucheurs à Chartres le 8 avril 2008

• projet de loi sur les OGM sera présenté ce printemps à l’assemblée

• actions diverses et jeun si la clause de sauvegarde pour obtenir un moratoire n’est pas mise en œuvre par le gouvernement durant le mois de décembre 2007.

A ce jour (le 10 décembre 2007) les 80 associations d’alliance pour la planète refusent de continuer de discuter sur les applications du Grenelle. Le syndicat confédération paysanne a fait un communiqué sur le non respect des engagements pour le moment de Mr Borloo.

Nathalie Jenar, Sylvette Amestoy, Patrick Vachon,
membres du comite de soutien des 9 de Guyancourt et ATTAC 95/78

P.-S.

Aux dernières nouvelles, JB a appelé à une grève de la faim dès le 3/1/08 ; déjà une dizaine de personnes se sont déclarés prêtes pour cette action.