L’union européenne en quête de légitimité

Si l’on examine les élections
successives de l’Union
Européenne (UE) avec un peu de
recul, tout se passe comme si les
citoyens étaient fortement
imperméables voire rebelles, au
harcèlement politico-médiatique
dont ils sont la cible : plus on
s’efforce de les convaincre de
leur « pseudo-citoyenneté
européenne », plus ils
s’abstiennent. Et d’élection en
élection, leur rejet est de plus en
plus massif. Comme le montrent
le tableau et le graphique
suivants, ce phénomène est en
très forte progression, quasi-linéaire.
En France, avec un
résultat tous les 5 ans, on passe
de 40% en 1979 à 60% le 7 juin
2009, soit une augmentation de
50% du nombre des électeurs
abstentionnistes sur les 30
dernières années.

Ce phénomène objectif,
incontestable, est d’une portée
qui ne peut plus être sous-estimée.
Arrivé au seuil de 60%, il
met en question la légitimité du
dispositif supranational appelé
« Union Européenne », dispositif
qui contredit le principe
fondamental du droit des peuples
à disposer d’eux-mêmes et qui
organise, notamment, un pillage
éhonté par des intérêts privés,
des services et du bien public sur
l’ensemble des pays concernés,
ce dont les citoyens ne veulent à
aucun prix.

Il faut souligner la part de plus en
plus importante prise par le
« boycott militant » dans cette
abstention record. Les Français
ont prouvé leur fort intérêt pour la
question de l’Europe, en votant
massivement lors des
référendums de 1992 (traité de
Maastricht : petite victoire du oui)
et de 2005 (traité constitutionnel :
grande victoire du non). Les taux
d’abstention lors de ces deux
consultations, aux résultats
pourtant opposés, ont été très
bas et identiques (30%). Ce qui
montre bien que la forte
croissance des abstentionnistes
des 7 élections européennes
exprime à la fois un profond refus
de la politique de l’UE mais
également de ses institutions
anti-démocratiques, voire même
de leur légitimité quand la
souveraineté populaire est
« passée à la trappe » comme
ce fut le cas pour le non au TCE.

Si le traité de Maastricht a pu
leurrer, le temps d’un scrutin, on
sait aujourd’hui au vu des dégâts
considérables de l’application de
ses principes ultra-libéraux, que
les promesses d’une Europe
sociale cachaient l’ambition d’un
capitalisme totalitaire et
bureaucratique, avide de profits
démesurés et méprisant des
libertés, de la démocratie et de la
citoyenneté républicaine.

Dans ces conditions, parler d’une
grande victoire électorale de
l’UMP aux élections du 7 juin
dernier, alors que l’abstention-sanction
des citoyens ne lui
accorde plus qu’un score minable
de 11,25% des électeurs inscrits,
c’est manifester encore plus de
mépris pour les victimes de cette
grande arnaque et encore plus de
provocation quand c’est le
prétexte pris pour accentuer
encore la régression sociale au
sein de l’UE.

Christian AUBIN, Conseil d’Administration, ATTAC 78Nord