Triel-sur-Seine

Un concert sur le camp des Roms, c’est déjà résister Les associations qui soutiennent les Roms depuis l’été dernier organisaient une soirée sur le camp de Triel.

Le Courrier des Yvelines

Mercredi 29 juin 2011 - Page 18

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Près de 150 personnes ont répondu présents à l’invitation, dimanche 19 juin, des familles Roms de la plaine de Triel-Chanteloup-Carrières. Organisée par le collectif de soutien Romyvelines, cette manifestation culturelle est une autre forme de combat contre l’indifférence. Le tract distribué aux abords du magasin Leclerc précisait « A la rencontre des Roms, Fête d’ailleurs et d’ici ». Accueil en musique avec le groupe Novakovitch, repas en commun, exposition, débat, danses et chants étaient au programme de cette journée festive et conviviale.

25 familles

Au bout d’un long chemin défoncé, aux abords de l’avenue de l’Hautil entre Carrières-sous-Poissy et Chanteloup, ils sont au bout du monde, dans un no man s land administratif et humain. Vingt-cinq familles roms se sont installées en 2007 sur ce terrain, sans propriétaire identifié à ce jour. Rappel : les Roms sont originaires de Roumanie, et n’ont rien de commun avec les gens du voyage, qui sont pour la plupart français.
Pour les bénévoles des associations comme Réseau d’éducation sans frontière ou le Secours catholique, très présents dans les actions de soutien, l’aide quotidienne et matérielle des familles va au-delà d’une aide ponctuelle et sans projet. Pour Fabienne Laurel, membre d’Attac78 Nord et Anne Laforgue, Ligue des droits de l’homme, la situation est bloquée : « Vous savez c ’est le seul camp des Yvelines de Roms. Notre objectif par cette journée de fête et de rendre visible ce combat que nous menons depuis trois ans. Il faut arrêter les préjugés et comprendre la survie de ces familles. Une telle fête n’évitera pas les expulsions mais nous nous battrons jusqu ’au bout ».

« La défense des droits fondamentaux »

Sous une immense tente blanche, des tables, une exposition de dessins, les articles de la presse relatent les trois dernières années de ce camp. Au détour des caravanes plus chancelantes les unes que les autres, une bibliothèque pour les enfants. Les familles en ce dimanche de fête des pères sont heureuses de recevoir. Certains hommes ont sorti le costume, les femmes et les jeunes filles portent des jupes de couleurs vives. La musique des groupes Novakovitch et du groupe Maniais Manouch’K fait oublier un instant la précarité de celle communauté.
Pour Simona, 30 ans, qui doit répondre d’un ordre de quitter le territoire français comme deux autres personnes du camp, la situation est difficile.
Arrivée en France en 2003 du sud de la Roumanie, elle a peur chaque jour de se faire arrêter. « II faut comprendre que les Roumains européens sont moins bien protégés que les migrants hors zone européenne. Ce n’est pas de l’empathie que j’ai pour les Roms, c ’est la défense des droits fondamentaux qui me motive », déclare Odile Jouane, bénévole à RESF78.
Pour le collectif Rom Yvélines quatre points sont essentiels pour le camp de la plaine de Triel : annuler les demandes d’expulsion, trouver un terrain d’accueil, permettre l’accès aux écoles sans discrimination, et octroyer aux Roms le droit de travailler. Malgré le climat politique délétère qui existe depuis trois ans autour des Roms, cette fête aura eu le mérite de mettre en musique un beau rassemblement de soutiens, en attendant des jours meilleurs.

Jean-Marc Désiré Lucas

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