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Le gaz de schiste se heurte à une forte opposition des Français

Dans un sondage IFOP réalisé en exclusivité pour "Le Monde", le "non" à l'hydrocarbure est majoritaire, du PS au FN en passant par l'UMP.

Par Marie-Béatrice Baudet

Publié le 13 septembre 2012 à 13h47, modifié le 13 septembre 2012 à 13h47

Temps de Lecture 3 min.

Qui l'eût cru ? 84 % des Français ont "déjà entendu parler du gaz de schiste", sujet pour le moins technique et industriel, et 44 % disent savoir "de quoi il s'agit". C'est la première surprise du sondage "Les Français et le gaz de schiste", réalisé fin août par l'IFOP, en exclusivité pour Le Monde.

"Ce résultat est en effet étonnant, explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'IFOP. Le gaz de schiste est un nouvel hydrocarbure, non exploité en France et qui ne concerne pas la vie quotidienne. Il ne s'agit pas du dernier iPhone d'Apple... Si ce sujet n'avait pas créé la polémique, nous ne serions certainement pas à de tels niveaux de connaissance." Point important : les questions posées par la suite ne l'ont été qu'aux 44 % des interviewés qui se prévalent d'une relative maîtrise du sujet.

Dès lors, le verdict est sans appel : 74 % des interrogés sont opposés à l'exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels. Sans surprise, ceux qui sont proches politiquement d'Europe Ecologie-Les Verts sont 97 % à ne pas vouloir du gaz de schiste en France. Mais même à droite – 55 % pour les sympathisants UMP et 71 % pour le FN –, c'est le "non" qui l'emporte.

CRAINTE DES RISQUES DE LEUR EXTRACTION

Qu'est-ce qui justifie une telle mobilisation ? "Les aspects négatifs de l'exploitation du gaz de schiste prennent largement le pas sur ce qui pourrait apparaître comme un plus", analyse M. Fourquet. Les sondés craignent en majorité les risques environnementaux réels ou présumés associés à leur extraction du sous-sol : "la consommation de très grandes quantités d'eau" (94 %) ; "la pollution des nappes phréatiques" (88 %). En clair, pour eux, l'exploitation du gaz de schiste est "une technique que l'on maîtrise mal" (86 %).

Même si les scores sont plus balancés, les interrogés qui disent s'y connaître, ne pensent pas (52 %) que développer cet hydrocarbure permettrait "de faire baisser ou de limiter la hausse du prix du gaz payé par le consommateur français", ou de "limiter sensiblement le recours à d'autres énergies comme le nucléaire en France". Seuls points positifs mis en avant qui emportent l'adhésion : forer des puits "augmenterait l'indépendance énergétique de la France" (61 %) et serait prometteur en termes de créations d'emploi (56 %).

"Les doutes exprimés sur le lien entre l'exploitation du gaz de schiste et la baisse des prix de l'énergie montrent, comme dans d'autres sondages, les préjugés des Français sur les groupes miniers et électriques, relève M. Fourquet. Selon eux, ce sont les grandes entreprises qui tirent les ficelles, elles ne pensent qu'à engranger des profits et certainement pas à baisser les prix à la pompe ou les tarifs de l'électricité."

LES GROUPES MINIERS, "DES APPRENTIS SORCIERS"

Globalement, poursuit-il, sur le gaz de schiste, les personnes interrogées ont peur des groupes miniers "qu'ils considèrent un peu comme des apprentis sorciers". Cette méfiance est plus ancrée au sein des sympathisants du PS et des Verts que chez les proches du MoDem ou de l'UMP qui croient au contraire aux vertus économiques de l'exploitation de l'hydrocarbure. Le clivage sur ces points est très marqué politiquement.

Une bonne nouvelle, néanmoins, pour les groupes miniers et pétroliers : les personnes interrogées, en dépit de toutes leurs réticences déjà exprimées, sont plus balancées quant à l'idée d'aller, malgré tout, explorer dans le sous-sol français par l'intermédiaire des forages de recherche scientifique à but expérimental. 52 % y sont opposés contre 48 % qui y seraient favorables. "Une marge de manœuvre existe", confirme M. Fourquet. L'idée est de ne pas passer à côté d'une ressource importante.

Et là, deux clivages forts apparaissent. Le premier est encore et toujours politique : 66 % des sondés proches de la gauche sont opposés à tout forage expérimental alors que 63 % de ceux qui se reconnaissent dans les idées de droite sont pour. Le second est lié au sexe des interrogés. 58 % des hommes sont partants pour aller "regarder sous le capot", contre 32 % des femmes, toujours plus prudentes sur ces questions industrielles.

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