Actualité de la lutte des classes

De quel côté doit-on ranger ceux qui, comme notre ministre du budget « n’ont jamais cru à la lutte des classes ! » ? Et ceux qui, de la CFDT à d’autres syndicats minoritaires, ont signé l’accord honteux de déréglementation du droit du travail, instaurant plus de flexibilité, de précarité et de liberté de licencier ? Qui peut feindre d’ignorer que la coalition « PS-CFDT... », par sa pratique de la collaboration de classes avec le MEDEF, se place du côté du capital, du côté de “l’aristocratie financière”, du côté des dominants qui les tiennent sous leur coupe et dont ils soignent les intérêts mettant en pièce nos acquis sociaux essentiels.

En prônant le dialogue social, la négociation directe entre le salarié et le patron (d’égal à égal disent-ils !!!), en criminalisant l’action syndicale réelle, ils portent une très lourde responsabilité : les reculs du droit du travail ainsi obtenus, ont pour conséquences l’accroissement des inégalités, la hausse du chômage, l’appauvrissement des familles modestes, l’accaparement scandaleux par une infime partie de la population d’une part croissante des richesses créées par tous !

Dans la stratégie politique de remise en cause des acquis sociaux, le « think tank » Terra Nova joue un rôle pilote. Ce laboratoire d’idées du PS (financé à 80% par un mécénat de grandes entreprises avec comme nouveau président : François Chérèque) a notamment proposé de faire payer les retraites par les retraités, reprenant ainsi le programme du patronat qui considère que le niveau de vie des retraités est « trop élevé ». Il est impératif d’empêcher l’insidieuse distillation de cette idéologie du renoncement qui revient en force, au risque d’un nouvel échec fatal comme en 2010 lors du mouvement pour la défense de la retraite par répartition.

Mais si certains états-majors du mouvement ouvrier et syndical, sont inféodés aux classes dirigeantes du capitalisme, il en va autrement sur le terrain où il ne fait aucun doute que la lutte des classes est le moteur essentiel des transformations sociales qui libèreront les hommes de leurs aliénations salariales. Des luttes unitaires importantes contre les licenciements et les fermetures d’entreprises se développent sur un fond de prise de conscience d’intérêts convergents pour un nouveau modèle économique. Elles contestent à juste titre la justification des politiques d’austérité qui anémient le pays et augmentent encore le pouvoir de nuisance des banques privées et des grands actionnaires de l’industrie.

Cette convergence des actions d’ampleur des salariés qui s’opposent aux politiques de mondialisation de l’exploitation maximale du travail humain, fait généralement face à un chantage scandaleux des directions d’entreprises. Celles-ci tentent, en particulier chez Renault et PSA, de rendre les travailleurs responsables de la fermeture de leurs usines, s’ils refusent de signer un soi-disant « accord de compétitivité » qui les ferait endosser un véritable statut de « variable d’ajustement ». Tout cela remet gravement en cause les accords salariaux en vigueur : suppressions de postes par milliers, gel des salaires, allongement du temps de travail, mobilité territoriale forcée...

Les forces politiques anticapitalistes sont maintenant placées au pied du mur. Elles devront être capables de converger et de se développer suffisamment pour soutenir les luttes sociales, les mouvements novateurs de la société civile et pour assurer aux rendez-vous de l’Histoire un débouché positif. Car nous devons nous opposer collectivement aux illusions réformistes, au dangereux renoncement social-démocrate, ou au retour au pouvoir de l’extrême droite et de ses menaces totalitaires.

Le Bureau d’Attac78 nord