Promesses, renoncements et basculement néolibéral assumé

Ne nous laissons pas faire !

Il y a un an, on était bien content d’avoir enfin viré Sarkozy… à Attac sans grandes illusions.
Le petit bol d’air fut bien éphémère... et la réalité a vite dépassé le scepticisme justifié. Deux faits symboliques et donnant le ton : dès le 29 août J-M Ayrault tenait à rassurer le patronat en faisant l’ouverture de l’Université du Medef, accompagné de 9 ministres, une première ! Tandis que fut remarquée l’absence du gouvernement à la populaire fête de l’Humanité 15 jours plus tard. Le reste fut à l’avenant… Sur les 60 timides et très mesurées promesses de changement, enrobées de discours enflammés sur la « finance ennemie », on compte à peine sur les doigts d’une main, celles qui sont significatives.
Pourtant on sait que ce sont les premiers mois, la première année qui comptent dans une dynamique de changement réel avec des mesures phares, voire symboliques... Mais là on comprend vite que le changement, c’est pas pour maintenant ! Les affaires Cahuzac et Guéant ont achevé de mettre au grand jour le tableau d’une connivence entre milieux d’affaires de la finance pourrie et de politiciens sans morale, symboles d’un système économique avide de profits et gangrené au plus profond.
Hormis le mariage pour tous, amputé du droit à la PMA, d’une réforme maladroite et contestée des rythmes scolaires, de mesures pour les droits des femmes mais sans moyens, de la loi Duflot sur les logements dont on attend les résultats, on ne retient que les renoncements, les reculs, le maintien voire l’aggravation de ce qui aurait dû être remis à l’endroit.

La liste est démesurée et donne presque le tournis :
  • Marchandisation accélérée des services publics (Poste, SNCF, hôpitaux...), attaques contre le droit du travail (l’ANI – Accord National Interprofessionnel - qui nous veut du mal) et la protection sociale, chômage d’un niveau record, plus de 8 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, mais gavage des patrons/pigeons (20 milliards d’euros de crédit d’impôt pour les entreprises) et mise en place de mesures d’austérité qui ne font qu’aggraver les inégalités et précarités existantes (femmes, jeunes ..).
  • Poursuite de la politique sécuritaire, de la répression des manifestations, des expulsions de roms, des Sans Papiers ou de mal logés...
    ¨ Maintien de projets inutiles et coûteux comme Notre Dame Des Landes ou le TGV Lyon-Turin...
  • Oubli ou remise « à très loin dans le temps » de réformes : droit de vote des étrangers aux élections locales, transition énergétique avec diminution progressive mais ferme du nucléaire, une fiscalité refondée et plus juste, traque aux paradis fiscaux (encore 20 milliards qui pourraient être utiles pour régler le déficit budgétaire !)…

Sans parler des trahisons : traités votés (TSCG – Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance - et sa règle d’or) – refus de l’amnistie sociale, abandon des salariés en butte aux fermetures et plan sociaux : PSA, Renault et sous-traitants automobile, Arcelor, Sanofi, Air France, Fralib, Virgin... la liste est trop longue.

Ainsi, la ligne sociale-démocrate du Parti Socialiste au pouvoir, malgré des contradictions internes, a définitivement basculé dans un néolibéralisme assumé. Et tout indique que cela va continuer… Car ce n’est ni une question de tempo dans les mesures (attendre ou pas) ni de curseur plus ou moins « à gauche ». En effet cette logique est bien inscrite dans la philosophie même du projet « socialiste » qui croit en la politique « de sérieux budgétaire », qui voudrait nous convaincre d’une croissance nécessaire à venir, sans remettre vraiment en cause une société productiviste de consommation sans foi ni loi, ni la politique financière internationale actuelle. La précipitation du gouvernement a vouloir appliquer les dernières directives très libérales de la Commission Européenne de Bruxelles en est une nouvelle preuve : « réforme » des retraites (vers les 67ans !), le coût du marché du travail (à baisser !) et une plus grande libéralisation des services et des biens en application de l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services – signé en 1994). Pendant que les grands patrons et le Medef applaudissent, la direction des grandes organisations syndicales tergiversent pour organiser la nécessaire riposte qui s’impose... le FN en profite pour avancer ses pions … tandis qu’une grande partie de la population souffre, désemparée, presque désabusée, ronge son frein, envahie par une colère sourde...

Seule solution : relever le défi, ne pas lâcher, se mobiliser localement, sur le plan national et sur le plan européen, faire converger les luttes, tout en continuant à construire, à renforcer des alternatives concrètes et crédibles pour un changement de société réel et radical. C’est dire les tâches qui nous attendent tous sans tarder ! « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » nous rappellerait le théoricien politique Antonio Gramsci.

Attac fait et fera sa part, avec tous ceux qui veulent construire une résistance convergente et unitaire contre l’austérité et la finance toute puissante non seulement dans de grandes manifs réussies mais à la base et sur le terrain !

Dans les Yvelines, nous sommes présents et actifs dans les collectifs de défense des hôpitaux publics, dans les collectifs de retour à une régie publique de l’eau, nous soutenons les Sans Papiers et les Roms, les luttes de salariés, celles des femmes, etc. Nous animons depuis un an une Université Populaire (à Elancourt et Poissy). Rejoignez-nous pour donner plus de poids à ces initiatives ou en créer d’autres. Notre avenir dépend de nous.

Le CA Attac78 Nord