Faut-il payer pour les entreprises ?

Tournant résolument le dos à toute ambition de progrès social, François Hollande et son Gouvernement ont décidé d’aggraver encore l’orientation de la politique française, dans la voie sans issue d’une austérité sans fin. Alors que la souffrance sociale s’amplifie d’année en année, amenant bientôt près de 10 millions de personnes à vivre en dessous du seuil de pauvreté (soit, selon les critères européens, avec moins de 60% du niveau de vie médian), la priorité du budget 2014 est de satisfaire les exigences des entreprises, en faisant payer la facture aux classes populaires. C’est la réalité des chiffres, cachée derrière la propagande officielle, et toutes les analyses honnêtes le confirment : « Les ménages paieront pour les entreprises ! »

En pleine « crise » des finances publiques, le pouvoir fait le choix d’imposer un violent plan d’austérité au pays, et d’offrir un cadeau supplémentaire au patronat sous la forme de mesures de réduction de l’impôt sur les sociétés (IS) de 15 milliards.

L’énormité de ce cadeau (correspondant à une baisse de 27% de l’IS) est sans précédent dans l’histoire budgétaire contemporaine. Et pour ne laisser subsister aucune ambiguïté sur cette orientation, aux universités d’été du MEDEF, le ministre des finances Pierre Moscovici s’est engagé à ce que ces milliards apportés aux entreprises sous forme de crédits d’impôts le soient « sans contrepartie » et même « sans contrôle fiscal » [1].

Mais alors, puisque ce cadeau au patronat correspond, à peu de choses près, aux 15 milliards d’économies de dépenses du budget 2014 (mesures dites de « redressement »), on peut en conclure que le plan d’austérité n’est pas réellement destiné à réduire les déficits publics ? Il est en fait la source financière de l’énorme cadeau fait aux entreprises sur le dos des citoyens.

Ce qui signifie par conséquent que le gouvernement pourrait réduire les déficits publics sans écraser fiscalement la majorité de la population ! Mais le dogme néo-libéral auquel il a fait allégeance, impose que l’état réduise drastiquement ses moyens d’action en faveur de la justice sociale et de l’égalité des citoyens, au bénéfice de la loi du plus fort, celle des spéculateurs, du grand patronat et des banques.

Rien n’est donc plus urgent pour nous que de combattre toute remise en cause de la protection sociale et des services publics ( fermetures d’hôpitaux, déremboursements de soins et de médicaments... école publique... retraite par répartition...) de tout ce qui devrait faire l’objet d’un développement collectif grâce à une juste redistribution de l’impôt.

Il faut unir nos efforts et agir collectivement pour mettre un terme à la main mise sur l’argent public de la classe capitaliste, dont les profits et l’extrême richesse explosent au mépris des ravages sociaux qu’ils provoquent et dont ils se nourrissent.

Le Bureau d’Attac78nord

Notes

[1Mediapart.fr, 7 octobre 2013, L’impôt sur les sociétés implose, la taxe à 75% aussi, par Laurent Mauduit