Ciné-débat %78N

Film « On a grévé »

Les femmes de chambre des grands hôtels sortent de l’invisible...

Ciné débat avec présence du réalisateur Denis Gheerbrant
et des syndicalistes CGT et CNT de la branche hôtellerie.


Elles s’appellent Oulimata, Mariam, Géraldine, Fatoumata… Elles sont
une petite vingtaine de femmes de chambre et pendant un mois elles vont affronter le deuxième groupe hôtelier d’Europe. Pour la première fois, elles n’acceptent plus la manière dont elles sont traitées. Et elles tiendront jusqu’au bout, avec force musique et danse.
D’entrée de jeu, le premier matin, sur le bord du trottoir, les femmes de
chambre ont proclamé :
 On va grèver.”

 Oui, faut courage.”

 On va chanter, on va danser.”

Tout était là. D’un même geste, elles s’appropriaient l’espace public et défiaient la direction de leur hôtel. Elles s’appropriaient la langue, celle du patron, du colon ou du “toubab” (“le supérieur” en wolof). “On a grèvé” : qui serait venu leur dire que “ça ne se dit pas” ?
C’est l’histoire éternelle du pot de terre
contre le pot de fer. Voilà celle des “invisibles”,
des salarié(e)s étrangères “jetables”
du système libéral contre le
géant hôtelier Louvre Hôtels face à l’injustice
devenue insupportable.
C’est en 2012 à Suresnes. Un combat
long, tenace, mais aussi joyeux et inventif,
où grâce à une stratégie syndicale
pertinente et la détermination des
grévistes, la lutte collective et la solidarité
transforment les êtres et sont finalement
gagnantes.
Quand les raisons de désespérer ne
manquent pas... Ce film subtilement témoin
et questionnant, ces femmes magnifiques
et touchantes, redonnent espoir
et la pêche. Quelle autre meilleure
raison d’aller les découvrir ? ..
On a grèvé nous dit l’Afrique, le chemin
parcouru, hier par la traite des esclaves,
aujourd’hui par l’émigration [1].
On a grèvé, tout à la fois une séculaire
tradition de résistance et la lutte des
classes à l’heure de la mondialisation.