Résistons à la stratégie du choc, le peuple grec montre la voie !

L’immense émotion des horribles attentats de ce mois de
janvier nous ont tétanisés voire « explosés. »
Alors au-delà même des traces inoubliables, il s ’agit de
reprendre nos esprits, de penser et d’avancer.

Charlie/ Pas Charlie ? et après ?...
Ces positionnements spontanés ont été liés à des réalités de vie
différentes que nous pouvons comprendre (lieux de vie, histoires
sociales et familiales, connaissance de l’histoire du Moyen -
Orient...) et continuent d’engendrer des incompréhensions de part
et d’autre qu’il nous faut résoudre.

Le bouleversement vécu a plongé beaucoup d’entre nous dans une
frénésie de lectures, d’ échanges, de réflexions pour comprendre les
causes (lire les témoignages pages 6 à 8), d’initiatives : dialogues
initiés par des municipalités comme Strasbourg, d’autres par des
collèges ; rencontres entre les imams d’une même ville, comme à
Angers ; publications de réflexions sur l’Islam...

« En démocratie, la liberté d’expression n’est
pas un état, mais un combat.
 » écrit un
journaliste, un combat que nous devons
continuer à mener sur différents fronts :

  • Combat contre la remontée, la multiplication
    des amalgames primaires (entre
    musulmans et terroristes, entre les juifs et la
    finance.…), amenant à d’insupportables
    actes racistes et discriminatoires voire
    criminels, et ne profitant évidemment qu’aux
    tenants du pouvoir et à leurs serviteurs.
  • Combat contre la récupération des effets de
    ces événements par les politiciens et les
    pouvoirs en place, leur volonté de faire
    croire à une illusoire « union nationale »
    alors que nous nous sommes rassemblés ou
    pas, pour le droit et le respect de la
    différence, de la dissidence.
  • Combat contre l’utilisation de cette période
    où nous sommes fragilisés et qui permet
    sans trop de résistance le vote de mesures
    sécuritaires et antisociales, de la Loi Macron ,
    de la loi Touraine sur la santé ...

C’est l’effet « Stratégie du choc ou le capitalisme du
désastre »
 [1]
si bien décrypté par l’altermondialiste
américaine Naomi Klein (voir son livre et son film).

L’examen de la loi Macron débute au Sénat en juin.
La journée nationale d’action intersyndicale du 9
Avril est une étape importante, car les
dispositions les plus médiatisées, comme le
travail du dimanche, en masquent d’autres, qui
relèvent du libéralisme le plus rétrograde : le
début du travail de nuit est repoussé de 21h à
minuit, la déconstruction du droit des
licenciements et du droit à l’environnement…

Ce texte organise une régression sociale
sans précédent pour satisfaire Bruxelles et les
marchés.
Or il est indispensable de revenir sur les causes
profondes du mal : lors de la manifestation du 11
janvier, « deux principes de notre devise
républicaine étaient de sortie : liberté et
fraternité », écrit D. Sieffert dans Politis
« de toute urgence, il faut convoquer l’Egalité ! »
En effet, nous avons conscience que beaucoup de
violences prennent racine dans une inégalité
sociale qui s’accroît, de plus en plus visible et
insoutenable.
En Espagne et en Grèce, cette violence a été
transformée et canalisée en mouvements de
contestation massifs et tenaces contre les
terribles politiques ultra libérales et d’austérité de
la Troïka.
En Grèce, pour la première fois dans un pays de
l’Union Européenne, la population, n’en pouvant
plus des graves inégalités, de la misère, de la
corruption, a voté pour un gouvernement,
Syrisa, se réclamant de ces mouvements.
Ce qui a donné un souffle d’espoir pour nous tous !

Soutenir le peuple grec aujourd’hui :
un enjeu pour nous tous.

Mais affronter directement les politiques
libérales des institutions européennes ne va pas de
soi. Seul contre tous ou presque, le gouvernement
Tsipras de Syrisa a bataillé pour décrocher une
trêve de 4 mois, qui a pu être interprétée comme
un recul… ou comme un gain de temps pour ne pas
renoncer à terme aux mesures d’urgences pour la
population en réelles difficultés (fourniture d’électricité,
coupons d’aides alimentaires et de transport
pour les plus modestes). Il en irait de même pour les
mesures fiscales promises, afin de mettre en place
et répartir plus justement la collecte des impôts.

Un audit sur la dette va enfin démarrer…

Aider la Grèce, est un enjeu essentiel pour ceux et
celles qui cherchent à structurer un front
social et politique alternatif. Rassemblons nous
pour affirmer notre soutien et agir contre les
mesures européennes qui nous frappent à
notre tour.

Ouvrons les yeux : le combat que mène le
peuple grec et son gouvernement est aussi le
nôtre.

Le CA Attac 78 Nord

Notes

[1Ce type d’opération consistant à lancer des raids
systématiques contre la sphère publique au lendemain de
cataclysmes et à traiter des derniers comme des
occasions d’engranger des profits ...