Impressions de Calais

Samedi 20 février, Michèle, Fabienne et moi sommes allés à Calais avec deux voitures pleines de couvertures et vêtements chauds.
Ce que je constate en approchant du terrain vague, ce sont des camions de CRS disséminés ça et là (nous apprendrons plus tard qu’ils sont là pour défendre les migrants car une manifestation de soutien au Général Piquemal a lieu le jour même à Calais).

Le centre Jules Ferry est un ancien centre de loisirs situé au bout d’une route goudronnée défoncée à quelques kilomètres du centre ville. Le long de cette route, des pancartes, des migrants (pratiquement que des jeunes hommes) et surtout, des abris de fortune fait de bâches et de palettes.

En arrivant, nous devons montrer patte blanche auprès des bénévoles du centre. Nous nous garons devant le préfabriqué dans lequel sont stockés les vêtements. Yolaine (la bénévole de l’association Salam) nous accueille ainsi qu’une autre bénévole. Elles nous aident à sortir les sacs de la voiture et nous indiquent où les entreposer. Le local est bien garni et tout est trié par nature et par taille.
Pendant le temps du déchargement, des jeunes, attirés par les voitures, viennent demander des vêtements. Les bénévoles expliquent dans un anglais sommaire qu’il faut revenir à 15h30, au moment de la distribution. Les gestes renforcent la compréhension. Chacun aura reçu un morceau de papier avec son nom et un n°. Il devra le remettre contre un sac contenant un lot d’affaire à sa taille. Un migrant vient se faire soigner un pied. Il marchait pieds nus dans ses chaussures et ses écorchures peuvent s’infecter.

Nous laissons les bénévoles préparer la distribution de l’après-midi. Michèle nous guide dans le camp en nous fournissant des explications. Auparavant, des bénévoles nous demandent d’enfiler des gilets jaunes. Leur explication : « s’il y a des échauffourées dans le camp et une intervention de la police, ils tapent sur tout le monde. C’est pour vous identifier comme bénévole ! »

Dans un terrain clôturé se trouve le camp des femmes et des enfants. Une dizaine de grandes tentes marabouts de la Protection Civile pour l’hébergement, des blocs Algeco pour les douches et les repas.

Près du local pour les vêtements, Michèle nous indique un autre préfabriqué qui sert à la distribution des repas. Les repas se prennent ensuite debout sous des préaux. Il y en a deux à proximité, chacun équipé d’une dizaine de prises électriques pour permettre aux migrants de recharger leur portable. Des panneaux indiquent la direction du bloc sanitaire. Michèle nous précise que les migrants ont droit à une douche par semaine avec seulement 2 minutes d’eau chaude. Il n’a que 2 ou 3 points d’eau potable pour tout le camp.

En remontant la longue route goudronnée qui conduit au centre, nous nous rendons mieux compte des conditions de vie des migrants hommes. Nous nous risquons à prendre quelques photos des abris sans trouver cela très décent. Mais comment témoigner de ce qui se passe ici sans être pris pour un paparazzi ? Les jeunes vont et viennent, nous échangeons quelques mots avec certains, un bonjour et des sourires. Les bénévoles sont nombreux à s’activer pour rassembler les poubelles dans des points de collecte. Les abris sont des tentes de camping ou des cabanes en plaques d’aggloméré. Les fenêtres sont de simples couvertures. Nous imaginons le froid et l’humidité la nuit.

Quelques cabanes qui paraissent plus anciennes ont une vitre en plexiglas où sont exposées des canettes de soda ou un peu de nourriture : des épiceries système D !

Cette visite au centre Jules Ferry m’a marqué. Si la solidarité des bénévoles (français, anglais) est omniprésente pour améliorer les conditions de vie des migrants, la situation reste inextricable. Je n’ose imaginer la situation dans la jungle principale. Quel sort est réservé aux migrants ? Après avoir traversé de nombreux pays et avoir parcouru des milliers de kilomètres, comment imaginer qu’ils vont se contenter de rester dans ce bidonville ? Leur détermination à vouloir aller en Angleterre semble intacte. La fermeture des frontières n’est pas une bonne solution. Face à des personnes qui fuient la guerre et la misère, nous devons mettre en actes nos valeurs de Fraternité.

Philippe

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