La convergence des colères ?

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu » (B. Brecht)

On peut s’interroger sur la stratégie de nos gouvernants. Depuis de nombreux mois, ils se créent des problèmes tout seuls : l’interminable feuilleton de NDDL, les atermoiements sur le nucléaire ; ou s’enferrent dans des réponses inadaptées, clivantes. En effet, face aux risques d’attentats terribles en France en 2015, réactivés par ceux à Bruxelles, en Irak et au Yemen, la prolongation de l’état d’urgence, la déchéance de nationalité porteuse d’une charge xénophobe dangereuse, l’entretien d’un climat de peur et des mesures sécuritaires, ne régleront pas une situation de violences internationales, dont les pays Occidentaux sont en partie à l’origine...
Et… voilà qu’arrive le projet de réforme du Code du travail (loi El Khomry), voulant parfaire la politique résolument anti-sociale mise en oeuvre depuis quelques années en mettant à bas plus d’un siècle d’acquis protecteurs des salariés.

La condamnation des ex-Goodyear est un fait social majeur : même les ouvriers de Lip (1973) qui à l’époque ont cumulé quatre illégalités (séquestration de cadres, détournement d’un stock de montres, occupation de l’usine et remise en marche des machines sans autorisation), n’ont pas été traînés en justice par le gouvernement de droite Messmer !!
Aujourd’hui cette loi Travail a pour but, non de créer de l’emploi (en licenciant plus ?!) mais
de casser les logiques de branches ou interprofessionnelles à l’échelle nationale, par des décisions visant à criminaliser l’action syndicale, aggravant les inégalités, la précarité notamment pour les femmes.
En lien avec le contexte international, en particulier le Moyen-Orient, le gouvernement français vend ses armes, intervient militairement dans plusieurs régions, reste silencieux lors des bombardements de civils en Syrie par les Russes, tout en n’étant pas à la hauteur sur la question d’un accueil digne des réfugiés.
Cerise sur ce gâteau indigeste : il remet discrètement la légion d’honneur au Prince héritier d’Arabie Saoudite, dont le gouvernement a fait décapiter plus de 70 personnes depuis janvier 2016…
Le gouvernement Hollande, sur fond de calcul électoral, fait le même choix que Mrs Blair,
Gonzalez, Schroëder, dans le passé proche : promouvoir une politique libérale au nom de la
gauche, créant confusion, méfiance et colère, décrédibilisant l’action politique, ouvrant la voie à la montée des projets réactionnaires et d’extrême droite.

Apprenons à faire de la Politique sans... les politiques/ politicards ?

De très nombreuses initiatives d’alternatives locales (soutiens concrets pour les réfugiés de Calais, atelier de musique ou autres dans un centre d’accueil de femmes en difficultés, agriculteurs s’orientant vers une production biologique, implantation d’éoliennes communales en Bretagne, services d’échanges et de récupération, ...) se construisent et se multiplient dans le pays et au-delà de nos frontières.
Le jeune mouvement Alternatiba se renforce, se féminise, et comme notre association Attac, soutient les porteurs d’alternatives locales, les actions de désobéissance et de non « coopération » (choisir une banque éthique, actions auprès des migrants, des sans-logis), les engagements dans les quartiers, les refus de nombreux projets inutiles et coûteux.
Pour l’année 2016, Attac se propose de poursuivre les actions d’éducation populaire (Cinés-débats, Université Populaire 78 dans les Yvelines) ; de s’engager dans des initiatives de transition : soutien à ceux qui s’orientent vers une agriculture moins polluante, voire biologique, d’adhérer à Enercoop ou autres fournisseurs d’électricité ou gaz « verts » ; de ne plus craindre de participer à des événements de désobéissance non violente, comme
la participation aux manifestations des 29 novembre et 12 décembre 2015 autour de la Cop 21, à la réquisition des 176 chaises des banques BNP et autres.
L’annonce du projet El Khomri a catalysé la colère accumulée. Les salarié/es, les jeunes semblent vouloir prendre leurs affaires en main, dénoncer la surpuissance de la finance, le pouvoir des médias.
Une brèche est possible pour inverser la donne. Soyons le plus nombreux possible dans ces combats !

Fabienne et Marie Pierre