Expliquer, Comprendre, Agir

Au retour de vacances d’été, les tensions sociales et politiques de l’année ne sont pas vraiment tombées. Les multiples motifs d’incompréhension, de colère et de tristesse sont toujours là.
Allons au-delà et surtout ne nous laissons pas impressionner par une propagande sécuritaire voulant entretenir un climat de peur et de soumission.

Les gouvernants omettent de nous rappeler que la grande majorité des décisions des hommes politiques , des multinationales, des pouvoirs financiers aggravent les inégalités depuis des décennies, en se disputant les richesses de la planète (la guerre en Irak de 2003 pour le pétrole par ex) en cherchant un maximum de profits aux dépends des populations locales qui se retrouvent spoliées.

Ainsi le gouvernement français par la voix de son Secrétaire d’Etat au commerce extérieur voudrait nous convaincre que le CETA (accord commercial entre l’UE et le Canada), serait un bon accord, puisque le TAFTA semble battre de l’aile grâce à nos mobilisations.

Or avec la même logique pernicieuse, ce traité ouvrirait la porte à une déréglementation des protections sanitaires, sociales et environnementales européennes encore plus importante, à un affaiblissement de la défense de l’intérêt général au bénéfice des intérêts privés.

La plupart des printemps arabes en 2009-10 (en dehors de la Tunisie) ont été confisqués (Egypte), étouffés (Bahrein) ou massacrés (Syrie, Yemen). Massacres qui se poursuivent aujourd’hui : 300.000 morts en Syrie, la moitié de la population déplacée.

Ces événements dramatiques ont poussé sur les routes des flots de personnes cherchant un refuge.

Le Liban, pays de 4 millions et demi d’habitants, accueille aujourd’hui environ 1 million et demi de réfugiés syriens, après avoir accueilli les palestiniens.
Certains groupes ultras violents, El Quaïda, Daesch, plus ou moins manipulés par des pays limitrophes, profitent de ces chaos pour asseoir leur pouvoir et imposer par la terreur leur projet de « grand état islamique ».

Face aux attentats, le gouvernement français choisit la seule réponse sécuritaire. « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » selon Mr Valls. Ce primaire déni de savoir permet de ne donner une réponse que sécuritaire, de distiller la peur, de diviser.
Faut-il laisser croire à nos concitoyens que nous sommes en guerre ? Ce qui est sûr, c’est que la France multiplie les ventes d’armes.Avec quelles graves conséquences ?

Cet été, en France, pas de pause non plus dans la politique gouvernementale de régression sociale. C’est la loi El Khomri adoptée au forceps avec un 3ème 49.3 !
Au mépris d’un immense mouvement social de refus, innovant, rapprochant syndicats, associations, citoyens (Nuits Debout à Paris et en Province) pendant plus de 4 mois. Quelques jours après, du jamais vu : la ministre « socialiste » du Travail accepte le licenciement d’un 4èmesalarié, syndiqué CGT d’Air France suite à l’épisode « de la chemise déchirée ».

Vous avez dit criminalisation de l’action syndicale ? Oui assurément !
Et n’oublions pas l’escalade des violences policières ce printemps et la mort d’Adama Traore dans un commissariat cet été [1].

Et puis c’est une nouvelle prolongation de l’état d’urgence dont l’inutilité a été prouvée sauf pour casser les mouvements sociaux. Certains politiciens, droite et socialistes confondus, déjà en campagne présidentielle, attisent les tensions…

La société civile, elle, retrousse ses manches, lance des débats, propose des analyses [2], des initiatives alternatives et positives à tous les niveaux : logement, travail, écologie... cela peut être des montages radio préparés par des jeunes collégiens, des rencontres interreligieuses, des échanges entre familles confrontées à leurs adolescents tentés par la radicalisation, la multiplication des Nuits Debout…

Recréer des passerelles, inventer, chasser les divisions et avancer vers plus de compréhension mutuelle, de solidarité, d’action !
Sachons revenir à l’essentiel : poursuivre le combat contre la loi El Khomri (la loi concernant le CPE a été annulée même une fois votée par le parlement), obtenir la levée de l’état d’urgence. Et mettre toute notre énergie dans la défense de nos droits à l’éducation, la connaissance, la culture, la santé publique, réinventer des occasions de rencontres entre les populations des différents quartiers, obtenir l’arrêt des négociations TAFTA/CETA et de tous ces projets inutiles comme Notre Dame des Landes.

Il s’agit de transformer nos frustrations et nos colères en force politique constructive d’alternatives. Un long chemin à parcourir ensemble. Nous y sommes prêts.

Le CA % 78 Nord