Méthode globale : LA preuve
Lorsque le ministre de l’interdiction a annoncé qu’il mettait la méthode globale hors-la-loi, je n’avais pas trop d’opinion. Pour moi, la méthode d’apprentissage par les lettres et celle globale par la reconnaissance des mots étaient deux méthodes, chacune présentant évidemment des avantages et des inconvénients. Mes cheveux blanc montrent que j’ai appris par la méthode b-a-ba, mes neveus et nièces (entre 40 et 50 ans) ont appris par la méthode globale, et mes enfants (30 ans) par un mélange des deux.
De ces exemples familiaux, j’en déduit que le résultat de ces méthodes sur l’orthographe dépend beaucoup moins de la méthode, que des conditions sociales, environnementales au milieu desquelles l’expérience de la lecture et de l’écriture s’acquièrent, s’affirment ou non.
Le ministre aurait-il pris cette décision répressive par pure idéologie conservatrice et méthode forte pour plaire à un lobby de parents nostalgiques des valeurs éducatives du passé ?
Eh bien oui : j’en ai trouvé la preuve irréfutable (à mes yeux et à mon cerveau vieillissants) dans le courrier des lecteurs de Politis n°886 du 26/01/2006, sous la plume d’une enseignante du primaire à Bagnières-de-Bigorre, au fin fond des Hautes-Pyrénées.
Je retranscrit (lettre à lettre, je l’avoue) ses quelques lignes :
"Dsérodre : sleon une édtue de l’Uvinertisé de Cmabrigde, l’odrre des ltteers dnas un mto n’a pas d’ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire soient à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porlbème. C’est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot. ça laisse rêveur non ?"
Michel Roux