Je dois regarder le JT une fois par mois, et je ne suis jamais déçu. Hier soir, je suis tombé sur la seconde moitié de la Poujadasse, avec deux informations majeures.

La première concernait le Clémenceau, bloqué en attendant la décision de la Cour Suprème indienne, et dont "certains" demandent le retour en France. Heureusement, les envoyés de France 2 ont "réussi" à aller sur la base d’Alang pour rencontrer les ouvriers et voir "quelles sont réellement leurs conditions de travail".
Nous avons donc appris 2 choses :

• que l’apport du démantellement du Clémenceau était primordial pour ces ouvriers et recycleurs de matériaux ("c’est la survie de ce cimetière marin qui est en jeu") ;
• que "les 3 euros quotidiens valent le coup de prendre des risques", surtout qu’il ne s’agit que de risques somme toutes classiques (pieds écrasés, ...), puisque le médecin du travail interviewé n’a "jamais vu de cancers dûs à la manipulation des matériaux", et que "les cancers relèvent de la psychose".

La conclusion a été que "Greenpeace a choisi de protéger les ouvriers malgré eux" sans plus de commentaires.
Nous pouvons donc être pleinement rassurés :

• le désamiantage à mains nues et à pleins poumons ne doit donc pas être dangereux puisque ce sujet n’a pas été examiné. Qu’en pensent toutes les familles touchées en France par ce scandale ?
• si la démolition est effectuée en Inde, nous ne seront certainement jamais informés, ni par la médecine du travail sur le site, ni par France 2, du nombre de morts dûs à ce désamiantage.

La deuxième information a été l’interview d’une vietnamienne qui sort un livre, rescapée d’un boat-people alors qu’elle était enfant, recueillie pendant 2 ans par Bernadette et Jacques, qu’elle considère comme ses parents.
Cette médiatisation me rappelle celle de Poivre d’Arvor qui avait ramené d’Irak sous son manteau un bébé, alors que des familles européennes étaient maintenues sur place par Sadam Hussein ; situation différente, mais basée sur la larme à l’oeil que suscite cette belle action.

Subjugé par ces Poujadasseries, je suis resté assis jusqu’à la "Question ouverte" de Gilles Leclerc à Carlos Ghosn, pdg de Renault. Ce qui m’a frappé, ce ne sont pas les réponses prévisibles du pdg, mais la formulation d’une question concernant le CPE : (textuellement) "ça n’accroît pas la précarité comme le disent certains ?". Il y a en quelques mots, une négation sous forme de question qui ne demande qu’une confirmation, et un mépris de ces "certains" qui ne sont même pas dignes d’être nommés.

Une conclusion que je tire de cette courte visite de France 2 est que l’information partiale qui est donnée se limite à un premier degré qui ne cherche nullement à dissimuler cette partialité. Comment un (ex) service public en est-il arrivé à mépriser les téléspectateurs en les traitant comme des imbéciles d’une façon si naturelle ?

Michel Roux

PS : les citations ci-dessus entre guillemets sont exactes et vérifiées sur les enregistrements des émissions, disponibles sur le site de France 2.